Il est fréquent d’observer qu’une expérience sensorielle peut générer de l’enthousiasme, un rire, un soupir, parfois une excitation ou un retrait, et parfois même des larmes. De façon empirique, nous pourrions donc dire que l’expérience sensorielle active des comportements.
Allons voir plus précisément au niveau du cerveau pour comprendre les enjeux du Snoezelen.

Un espace Snoezelen est un espace délimité, qui installe l’impression d’entrer dans un univers différent du quotidien. Cet effet peut se vivre dans une salle au matériel fixé, ou dans une salle aménagée pour l’occasion (avec un chariot entre autres choses). La porte fermée ou entrouverte délimite l’entrée dans un monde où les sens vont s’activer différemment.
Au quotidien, nos sens sont utilisés par une partie de notre cerveau : le cerveau limbique, celui des apprentissages et de la mémoire. Nous avons acquis des boucles réflexes en enregistrant une réaction pour chaque stimulus connu. C’est le contact au monde qui nous a permis de créer des automatismes pour s’économiser. En effet, sans ces conditionnements, sans la mise en place d’apprentissages pour avoir des repères, les sens activent davantage notre circuit de la peur relatif à la survie, et générant du stress.
Prenons l’exemple d’un individu qui vivrait dans un environnement pauvre en expériences sensoriels (TV, repas identiques, peu d’échanges), ou dans un environnement stressant (peur, incertitude, variation constante des situations, imprévisibilité), ou ayant vécu des épisodes mettant en difficulté ses sens (prématurité, maladie, handicap). Il est fort probable que les apprentissages sensorielles soient difficiles à se développer. L’individu vit alors ses sens à travers un système archaïque (A.Bulinger), autrement dit les réflexes. Un bruit ou un stimulus visuel nouveau pourra être vécu comme une situation dangereuse, et non comme une possibilité d’enrichir ses apprentissages. Se former à l’approche Snoezelen auprès des personnes fragiles apparaît incontournable pour se préparer à d’autres réactions possibles que les “wahoo” que nous avions imaginés.
Et même, quand la vie nous a permis un certain équilibre, grâce à un entourage et des vécus stables et positifs, Snoezelen peut encore nous créer une boule dans la gorge, une envie de se blottir dans un coin à part, ou de claquer la porte. Notre cerveau intègre des boucles d’apprentissages directement liées au système de commande émotionnelle. Vivre un moment sensoriel peut activer des réactions émotionnelles en soi insoupçonnées, et nous aider à prendre conscience de nos conditionnements, et d’évoluer.

Par conséquent, la démarche Snoezelen demeure un moyen de sortir de nos schémas habituels, pour faire évoluer le sens que l’on donne à la vie grâce à l’expérience de nos sens.
La posture de l’accompagnant porte un rôle important dans ce processus, et se doit d’être formée, réfléchie et analysée.
Auteur : Julie Billiet,Psychomotricienne et formatrice à l’approche Snoezelen Petite enfance – Somoba
Diplômée de l’université Paris Descartes sur le développement neuro-sensoriel-affectif du nourrisson, et formée à la Méditation Pleine Présence
Janvier 2023